(Le Petit Prince de Antoine de ST EXUPERY par Gerard Philipe/1954)
(Le Petit PRINCE et le secret du Renard)
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Bonjour, dit le renard. - Bonjour, répondit poliment le petit prince. Qui
es-tu ? dit le petit prince. Tu es bien joli...
- Je suis
un renard, dit le renard. - Viens jouer avec moi, lui proposa le petit
prince. Je suis tellement triste... - Je ne puis pas jouer avec toi,
dit le renard. Je ne suis pas apprivoisé. Que cherches-tu ? - Je
cherche des amis. Qu'est-ce que signifie "apprivoiser" ? - C'est une chose
trop oubliée, dit le renard. Ca signifie "créer des liens..." - Créer
des liens ? - Bien sûr, dit le renard. Tu n'es encore pour moi qu'un petit
garçon tout semblable à cent mille petits garçons. Et je n'ai pas besoin de
toi. Et tu n'as pas besoin de moi non plus. Je ne suis pour toi
qu'un renard semblable à cent mille renards. Mais, si tu n'apprivoises,
nous aurons besoin l'un de l'autre.
Tu seras pour moi unique au
monde. Je serai pour toi unique au monde... S'il te plaît...
apprivoise-moi ! dit-il. - Je veux bien, répondit le petit prince, mais
je n'ai pas beaucoup de temps. J'ai des amis à découvrir et beaucoup de
choses à connaître. - On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit
le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent
des choses toutes faites chez les marchands.
Mais comme il n'existe point de marchands
d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami,
apprivoise-moi !
- Que
faut-il faire ? dit le petit prince. - Il faut être très patient,
répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça,
dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'oeil et tu ne diras rien. Le
langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir
un peu plus près... Ainsi le petit prince apprivoisa le renard. Et
quand l'heure du départ fut proche : - Ah ! dit le renard... Je
pleurerai. - Alors tu n'y gagnes rien ! - J'y gagne, dit le renard,
à cause de la couleur du blé. - Adieu, dit-il... - Adieu, dit le
renard. voici mon secret. Il est très simple :
on ne voit bien qu'avec le coeur.
L'essentiel est invisible pour les yeux.
(L'histoire du Petit PRINCE)
1954, l'acteur Gérard Philipe lit le conte philosophique d'Antoine de Saint-Exupéry, « Le Petit Prince ».